Transposition

18 juin 2017 au 17 septembre 2017

En partenariat avec la Ville de Montpellier, la Galerie AL/MA présente une exposition hors les murs de l'artiste Isa Barbier qui a pour titre Transposition. (du 18 juin au 17 septembre 2017)

Vernissage le 17 juin 2017 à 11h, à la Chapelle de la Miséricorde de Montpellier

Après avoir visité le lieu, l’artiste a pensé et réalisé une œuvre in situ, qui forme le pendant de l’autel. Isa Barbier nous fait part de cette expérience.

Cette chapelle a été aménagée en 1830 dans les anciens ateliers de la Monnaie, elle fait partie d’un ensemble historique classé dans lequel on peut visiter la dernière apothicairerie montpelliéraine encore en place, constituée de deux officines des 18ème et 19ème siècles contenant une remarquable collection de pots de pharmacie. Que vous a inspiré ce lieu ?

La sobriété fanée de la chapelle de la Miséricorde évoque respect tendre, humilité. Ce lieu dégage douceur et simplicité. Presque on entendrait les mur-mures des voix passées.
Le placage de marbre en forme de sarcophage sur l’autel est une note discordante, vert presque noir dans cet espace rosé, feutré, il convoque la mort. D’où l’envie d’une transposition, d’un allègement.

Pouvez-vous nous dire quelle réflexion a donné naissance à cette œuvre ?

Chaque lieu donne une émotion différente.
Ici, c’est un retour en soi, un recueillement.
Le sarcophage stylisé devient forme trapézoïdale.
Forme géométrique pouvant évoquer un réceptacle.
Réceptacle de plumes porteuses de pensées noires ou blanches, tristes ou lumineuses.
C’est le déplacement de la matérialité pesante de la tombe de marbre vers la légèreté de la forme géométrique neutre constituée de plumes (celles qui pesaient l’âme dans l’Égypte ancienne).
Les plumes/atomes donnent une vision aérée de la matière. Non pas figée, immobile mais malléable, recomposable. Une non-peur dans le continuum de la vie, « Rien ne retourne au néant » (Lucrèce, De la nature).
Cette matière, faite de vide, engage les transformations ultérieures. À la fin de l’exposition l’installation détruite deviendra une nouvelle œuvre (une grappe de plumes ou Chevelure de Bérénice), ou bien elle sera réserve de plumes à réintroduire dans une autre installation.
Cette transposition de la forme sombre se place au-dessus de la barrière de chœur et marque un arc triomphal.
(Les tribunes de la chapelle permettaient la faisabilité du projet.)

Dans vos installations vous utilisez toujours des matériaux très légers tels que le balsa, les cordes à piano, les feuilles de résine et surtout les plumes. Comment avez-vous choisi ce dispositif, si particulier, pour développer votre travail de plasticienne, dans l’espace des lieux patrimoniaux, mais également dans celui des galeries ?

C’est le hasard qui m’a conduit à ce dispositif qui convient si bien avec ce que je ressens. Une plume a été attachée à un fil… le dessin dans l’espace, la sculpture de l’air étaient possible.
Il n’y avait plus de poids, d’encombrement, de stockage. Avec une poignée de plumes, du fil, de la cire, le voyage est facile. La légèreté, la lenteur me conviennent bien et même, je m’habitue à la tension pendant l’installation, qui est réelle, il n’y a pas de marge au repentir.
Quant au démontage de l’œuvre il est toujours impres-sionnant, il génère beaucoup d’émotions opposées, plaisir de rendre l’espace à l’espace, regret de la disparition, joie de la rapidité, surprise de voir une nouvelle Chevelure (toutes ont leur caractère propre). C’est en regroupant les fils de l’installation, que se constitue la grappe de plumes comme queue de comète (la Chevelure de Bérénice est une constellation située près de La Grande Ourse). Elle est mémoire de l’œuvre défaite quand le temps d’exposition est terminé. Mais l’œuvre n’est pas toujours éphémère, chez les collectionneurs elle peut être pérenne. Quelques soins simples suffisent à la conserver dans toute sa grâce, l’œuvre est vivante.
Ce qui me convient surtout dans ces œuvres légères, c’est non seulement l’intuition de l’espace, l’importance donnée à l’air qui nous entoure, leur mouvance nonchalante sensible au moindre passage auprès d’elles, à la moindre différence de chaleur, au moindre souffle, mais aussi et surtout par cette fluidité, leur possible continuité.

Site d'Isa Barbier

Site de la Chapelle de la Miséricorde, Montpellier

communiqué de presse